Un peu de poésie
Pour ce premier rendez-vous de l'année 2010, j'ai choisi une célèbre fable de Jean de la Fontaine.
Le renard et la cigogne
Compère le renard se mit un jour en frais,
Et retint à dîner commère la cigogne.
Le régal fut petit et sans beaucoup d'apprêts :
Le galant pour toute besogne,
Avait un brouet clair; il vivait chichement.
Ce brouet fut par lui servir sur une assiette.
La cigogne au long bec n'en put attraper miette,
Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la cigogne le prie.
"Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis
Je ne fais point cérémonie".
A l'heure dite, il courut au logis
De la cigogne son hôtesse,
Loua très fort sa politesse;
Trouva le dîner cuit à point :
Bon appétit surtout; renards n'en manquent point.
Il se réjouissait à l'odeur de la viande.
Mise en menus morceaux et qu'il croyait friande.
On servit, pour l'embarrasser,
En vase à long col et d'étroite embouchure.
Le bec de la cigogne y pouvait bien passer.
Mais le museau du sire était d'autre mesure.
Il lui fallut à jeun retrouver son logis,
Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris,
Serrant la queue et portant bas l'oreille.
Trompeurs, c'est pour vous que j'écris :
Attendez-vous à la pareille.
Jean de la Fontaine